Promouvoir la laïcité dans les collectivités territoriales : formation des élu-e-s

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Dernière modification :

4 octobre 2023

Une expérience menée avec le CIDEFE (centre d’information et de documentation, d’étude et de formation des élus)

Pourquoi cette action a-t-elle été mise en place ?

Engagé à donner des clés de compréhension des différents enjeux de la laïcité aux élu-e-s de son réseau, le CIDEFE a sollicité l’ADRIC pour deux formations traitant de la laïcité, l’une sous l’angle des droits des femmes, l’autre sous l’angle de la jeunesse. Ces deux formations ont articulé apports théoriques et illustrations pratiques pour tenter de répondre à la complexité de situations auxquelles sont confrontées les collectivités et les élu-e-s.

Apports des formations

Ces formations ont été menées par une intervenante de l’ADRIC et un représentant d’une collectivité locale engagé sur la thématique. Ce croisement de regards a permis une complémentarité fructueuse des approches, et d’échanger sur les points suivants :

– définition de la laïcité et compréhension de ses enjeux ;

– déconstruction des idées reçues sur la laïcité ;

– analyse des effets cumulés du sexisme et du communautarisme, et de leurs conséquences sur la vie sociale des femmes et des hommes ;

– compréhension des mécanismes de violences pour en identifier les causes, en analyser les représentations culturelles et religieuses, et cerner les enjeux de la laïcité dans ces champs.

Questionnements des participant-e-s

Les questionnements des élu-e-s ont mis en exergue des dimensions culturelles, sociales et politiques de la laïcité :

– Quels rapports doivent entretenir les collectivités avec les représentants religieux ?

– Comment appliquer dans les différents territoires la loi sur la dissimulation du visage dans l’espace public ?

– Quelle ligne adopter quant aux revendications de non-mixité dans les équipements publics ?

– Où placer la frontière entre la compréhension et la compromission ?

– Comment résorber le fossé qui se creuse entre les communautés étrangères et les héritiers de ces cultures nés en France : l’exemple du Printemps araba a-t-il un impact ?

– Que faire des ressentiments liés à l’histoire coloniale et des risques de stigmatisation dans les prises de décisions politiques ?

– Comment reconnaître la place de l’autre tout en respectant les intérêts collectifs ?

– Quel(s) levier(s) pour aider les jeunes à valoriser leurs identités et leurs références culturelles dans une démarche citoyenne ?

– Quel(s) dispositif(s) concret(s) pour faire respecter les principes de laïcité, notamment pour ce qui concerne les parents accompagnants scolaires ?

– Comment valoriser les parcours individuels des jeunes pour éviter de raisonner en termes de « catégories de population » ?

– Comment lutter contre l’exclusion des jeunes filles dans l’espace public et, de manière générale, valoriser la mixité ?

– Comment renforcer les postures professionnelles des acteurs socioéducatifs sur les questions de la laïcité ?

Perspectives d’action

Les apports théoriques et les échanges d’expérience ont permis de cibler les enjeux de la laïcité sur le territoire français, tout en réfléchissant aux orientations à donner aux décisions publiques :

– travailler sur les valeurs de citoyenneté avec la population au lieu de questionner l’identité ;

– revaloriser la mémoire collective d’appartenance au lieu de vie et la participation à la vie de la cité ;

– lutter contre la division des intérêts particuliers qui favorise le lobbying, la surenchère et la concurrence des groupes de pression ;

– lutter contre l’accroissement des inégalités qui provoque le désarroi des jeunes et leur désintéressement de la sphère collective ;

– donner la parole aux « moins visibles » et à ceux qui luttent pour leur émancipation dans le respect des principes républicains et démocratiques ;

– réintroduire la réciprocité pour sortir des rapports de force, en mettant les jeunes devant leurs responsabilités (favoriser par exemple l’engagement contractuel pour éviter de s’enfermer dans un désir immédiat et éphémère) ;

– déconstruire les arguments basés sur le prétendu respect des codes culturels et cultuels qui justifieraient ou encourageraient les violences sexistes et sexuelles ;

– établir une charte de la laïcité avec les collectivités locales.

Conditions de réussite

Pour développer ce type de démarche laïque sur un territoire, il convient de la lier à une démarche interculturelle qui ouvre à l’écoute et à la compréhension de l’autre, tout en posant clairement les principes communs à respecter. Plus concrètement, il s’agit de :

– partir des revendications ou des pratiques des personnes ou des groupes pour définir et situer avec eux ce qu’ils réclament précisément ;

– refuser d’entrer dans tout débat théologique, et se concentrer sur les expressions sociales, politiques, culturelles, juridiques… ;

– poser le principe de l’intérêt général et celui de la compatibilité des libertés ; faire réfléchir à la notion de respect du bien commun ;

– montrer les conséquences de certaines pratiques sur la vie de la collectivité et les atteintes portées aux autres ;

– expliquer l’histoire et la signification de la laïcité, ses enjeux pour une société démocratique ; montrer qu’elle est une conquête qui a coûté la vie et la liberté à ceux qui on voulu la défendre et à ceux qui veulent aujourd’hui la conquérir dans des sociétés théocratiques et anti-démocratiques ;

– souligner le lien entre la laïcité et les droits humains, la liberté de conscience (le droit de croire et de ne pas croire ou de changer de religion) et le principe d’égalité, notamment entre homme et femme ;

– expliciter la signification du service public et des lieux publics avec leurs règles de vie communes.

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