Séminaires autour du guide méthodologique de l’ADRIC : « Face aux violences et aux discriminations : accompagner les femmes issues des immigrations »
Pourquoi ces actions ont-elles été mises en place ?
En 2008, à partir d’une recherche-action, l’ADRIC a publié un guide méthodologique à destination des acteurs associatifs et institutionnels : « Face aux violences et aux discriminations : accompagner les femmes issues des immigrations ». A la suite de cette publication, plusieurs séminaires ont été organisés dans différents territoires : Saint-Denis, Orléans, Nantes, Beauvais, Paris, Roanne…, afin de sensibiliser et qualifier les acteurs et actrices de terrain, optimiser le rôle des associations et favoriser la dynamique partenariale au niveau local et national.
Chaque séminaire a réuni entre 50 et 100 professionnel-le-s, venant de secteurs associatifs et institutionnels locaux et nationaux. La diversité des profils des participant-e-s (animatrices socioculturelles, assistantes sociales, éducateur/rices, infirmières, psychologue, agents territoriaux, etc.) et leur complémentarité ont permis une prise en compte globale des problématiques liées à cette thématique.
Apports des séminaires
Les séminaires ont été construits sur ce schéma-type :
– le matin, les intervenant-e-s proposent une approche théorique d’une ou de plusieurs questions développées dans le guide, en fonction des besoins identifiés par les acteurs locaux (articulation du sexisme et du racisme, communautarismes et extrémismes religieux, violences spécifiquement subies par les femmes issues des immigrations) ;
– l’après-midi, un travail en ateliers approfondit les questions traitées le matin de manière pratique ; ainsi, les échanges autour des situations rencontrées par les professionnel-le-s servent de base à l’élaboration collective de pistes d’action.
Ces journées ont permis aux participant-e-s de :
– réfléchir aux situations spécifiques vécues par les femmes issues des immigrations ;
– cerner les effets cumulés du sexisme et du communautarisme, et leurs conséquences sur la vie sociale des femmes ;
– dégager les pistes de réflexions et mutualiser les expériences sur les atouts et les ressources qui existent, mais aussi sur les manques et les besoins des acteurs dans leurs domaines respectifs ;
– initier une dynamique partenariale grâce à une meilleure connaissance des rôles et fonctions de chacun dans l’accueil et l’accompagnement des femmes issues des immigrations.
Questionnements des participant-e-s
Lors des ateliers sur les pratiques, de nombreuses problématiques ont émergé, beaucoup se sont croisées, mettant en avant les principaux questionnements des professionnels en lien avec les femmes victimes de violences et de discriminations :
– Quelles sont les structures spécialisées et compétentes dans l’accompagnement des femmes issues des immigrations et victimes de violences ? Comment initier un travail commun et complémentaire en fonction des champs d’action de chaque structure ?
– Quels sont les dispositifs législatifs et réglementaires existants ?
– Entre la loi et les traditions, comment se positionner en tant que professionnel-le-s ?
– Comment distinguer les mariages forcés ? Quelle est la différence entre un mariage forcé et un mariage arrangé ?
– Dans des situations de violences conjugales, faut-il conserver le lien père-enfant ou considérer que les violences conjugales ont aussi des effets néfastes pour les enfants qui en sont témoins ? La rupture familiale ne nuit-elle pas aux enfants ? Faut-il privilégier les solidarités familiales au risque de réduire au silence les femmes victimes de violences ?
– Comment accompagner efficacement une femme victime de violences conjugales, familiales, ou prostitutionnelles, qui n’est pas encore en mesure d’en parler ?
– Comment les professionnels peuvent développer des partenariats entre associations de migrants, institutions et collectivités territoriales ?
Perspectives d’actions
La mutualisation des savoirs et des expériences des professionnel-le-s a permis l’élaboration d’idées innovantes et pertinentes, de les présenter à l’ensemble des participant-e-s et de réfléchir, en fonction des besoins exprimés, aux solutions qui pourraient être mises en place :
– création d’un réseau pour traiter des problèmes d’insertion socioprofessionnelle des femmes migrantes ;
– réalisation d’un guide à l’attention des femmes primo-arrivantes, en plusieurs langues et avec tous les numéros utiles ;
– ouverture, par les mairies, d’un espace d’information sur les droits des personnes primo-arrivantes, et notamment d’un accueil spécifique pour les femmes ;
– formation des professionnel-le-s de différents secteurs à l’approche interculturelle en vue d’améliorer l’accueil et l’accompagnement des femmes concernées ;
– renforcement des liens avec les femmes issues des immigrations, notamment par le biais d’activités de loisirs, de groupes de paroles, tout en développant les dispositifs spécialisés pour répondre aux situations d’urgence ;
– valorisation des parcours personnels de réussite des femmes issues des immigrations pour travailler sur les représentations et déconstruire les idées reçues qui peuvent nuire à l’accompagnement et insertion socioprofessionnelle des femmes.
Conditions de réussite :
Pour la tenue d’un séminaire
– un relais local qui mobilise les partenaires de différents horizons professionnels, et notamment les acteurs associatifs ;
– la réalisation d’une évaluation du séminaire pour formaliser les acquis, y compris par rapport aux besoins exprimés et aux pistes d’actions définies.
Pour la concrétisation des pistes d’actions
– conviction des cadres dirigeants et des élu-e-s de l’utilité de ce type d’action ;
– participation ou représentation des cadres dirigeants et des élu-e-s à l’action pour être informé-e-s des réflexions ayant émergées.